La place de l'odorat ne finit pas de nous surprendre, et elle n'est pas utilisée en thérapie par hasard.
Une étude de 2015 est encore venue bouleverser son importance...
grâce à une poignée de mains !
On renifle davantage ses mains après avoir salué quelqu'un
En 2015, des chercheurs de l'Institut Weizmann d'Israël ont découvert que les humains se serrent la main non seulement pour se dire bonjour, mais aussi pour sentir l'odeur de l'autre.
On suggère donc que serrer la main est un moyen de transférer des signaux à l'odorat.
En effet, pour le Professeur Noam Sobel, président de la chaire de neurobiologie à l’Institut Weizmann, les gens montrent une tendance à renifler leurs mains après avoir serré la main d’une personne qu’ils viennent de rencontrer, ce qui suggère que la poignée de main est un moyen de transférer des enzymes sociaux.
« Il est bien connu que nous émettons des odeurs qui influencent le comportement et la perception des autres, mais, contrairement à d’autres mammifères, nous ne prélevons pas ouvertement les odeurs d’autrui », a déclaré Sobel. Au lieu de cela, nos expériences révèlent que les poignées de main sont un moyen discret de rechercher activement des signaux chimiques. ».
Une observation confirmée par des mesures scientifiques
Dans le cadre d’une série d’expériences, quelque 270 participants ont été filmés secrètement en étant accueillis par différents chercheurs, avec ou sans une poignée de main.
Les chercheurs ont découvert que dans 22 % des cas, les hommes et les femmes tenaient leurs mains près de leur nez pour obtenir une bouffée d’eux-mêmes, avant même la rencontre.
Cependant, après avoir salué le chercheur, ce comportement doublait. Une fois que le chercheur avait quitté la pièce, les gens reniflaient leur main droite deux fois plus qu’avant la poignée de main.
Certains des participants ont été équipés de moniteurs nasaux qui ont confirmé qu’ils reniflaient leurs mains quand ils les ont approchées de leur nez. Le volume d’air inhalé augmente lorsque le sujet recherche une odeur au lieu de respirer simplement.
Les chercheurs ont également porté de temps en temps des gants stériles afin d’échantillonner les produits chimiques susceptibles d’être transférés de main en main. Les résultats ont signalé la présence de squalène et d’acide hexadécanoïque, qui sont tous deux connus pour être utilisés en tant que signaux chimiques entre chiens et entre rats.
« Ce n’est qu’un exemple de plus qui montre que la chimio-signalisation est une force motrice dans le comportement humain », affirme Sobel. Il a noté que la fréquence du reniflage de la main constituait pour lui une surprise.
Un comportement hérité de l'évolution des mammifères
Ceci confirme un comportement inconscient qui, à l’instar d’un grand nombre de mammifères, permettrait d’échanger des informations via des signaux chimiques. « Lorsque nous avons analysé les vidéos nous avons vu des gens se reniflant comme des rats, a-t-il dit. Vous voyez cela tout le temps mais vous n’y pensez pas. » « Les rongeurs, les chiens et autres mammifères se reniflent souvent lors d’interactions sociales, et il semble qu’au cours de l’évolution, les humains ont conservé ce comportement, qui peut, peut-être, encore avoir un sens, mais subliminal », ont ainsi conclu les auteurs de leur étude publiée dans la revue « eLIFE ».
D’où, lors du Covid, de ne pas avoir serré la main de nos proches, car il avait été démontré de ce geste automatique de ramener la main vers son nez pour une olfaction de l’intérieur de la main, entrainerait un déplacement de molécules vers la sphère nasale.
Image : Magazine "Open Mind", hors série - été 2023